Plus les jours passent, plus les chef (ffes) des PMEs en Haïti se rendent à l’évidence qu’il n’y aura pas de parachute. Nos PMEs sont frappées par le double choc de "Pays Lock" et de Covid 19 ayant eu des conséquences désastreuses et beaucoup plus abyssales dépendant si la PME évolue dans le tourisme, l’industrie créative, le transport, l’agriculture …etc.
Les articles 14- 15 de la loi des marchés publics[1] donnant préférence aux entreprises nationales n’ont pas été forcément appliquées. Une intervention cohérente de la réponse Covid aurait dû utiliser les PMEs comme levier pour le renforcement des communautés en maintenant les emplois existants et les chaines d’approvisionnement des biens. A défaut de l’aide publique au développement ou de l’appui de l’État, les entrepreneurs n’ont d’alternative que d’absorber et de rebondir.
Je partage ici quelques conseils qui pourraient rendre les PMES plus résilientes.
1. Accepter la nouvelle réalité et adopter une autre mentalité.
La première décision des PMEs en Haïti est d’accepter les conséquences du Peyi Lock et de Covid 19 et de les intégrer dans leur plan stratégique pour les trois prochaines années. En Haïti, nous avons en moyenne environ 3.1 chocs naturels[2] (ouragans, cyclones…) par an. De plus, les incertitudes politiques entre 2020 et 2022 pourraient avoir des conséquences similaires de Peyi Lock. Les périodes électorales ont été toujours tumultueuses depuis 1986. Il n’en demeure pas moins qu’une seconde vague de Covid 19 est à redouter. L’Italie, les Etats Unies …la République Dominicaine ont connu une résurgence des cas de Covid 19. Dès lors, il faut avoir un plan de contingence.
La nouvelle mentalité doit prendre les chocs comme un fait récurrent et adopter les mesures d’atténuation comme un mode opératoire. La première tâche du chef d’entreprise sera de conscientiser son personnel de la réalité, de le responsabiliser afin de pouvoir déléguer. Désormais, avec l’adoption du télétravail et la minimisation du contact humain, il faut superviser les résultats et non les taches. Ce contrôle devrait être empreint d’empathie. Dans ce contexte chaque individu a besoin d’une certaine flexibilité pour ajuster les besoins familiaux, personnels et professionnels. Une transition bien coordonnée pourrait augmenter la loyauté à votre marque.
2. Renforcer le contrat social entre l’entreprise et le talent.
Le chef ou la cheffe d’entreprise doit profiter pour renforcer le contrat social avec les employés en priorisant la santé du personnel. Le Covid 19 révèle à plus d’uns, l’importance d’une bonne assurance médicale. C’est un momentum de renforcer ce droit. Le chef d’entreprise doit profiter pour évaluer la qualité du service du fournisseur d’assurance santé à son personnel. Outre, les mesures conventionnelles, toute entreprise devrait avoir des tests de pré-dépistage. Il serait intéressant aussi aux employeurs de voir avec d’autres institutions de santé du secteur privé dont GHESKIO et DASH les services que leurs employés pourraient bénéficier.
Figure 2 Prise de température des participants dans une formation de DDG
Certaines entreprises en Haïti ont déjà adopté la mesure de température en utilisant un thermomètre infra-Rouge. Il existe d’autres outils à adopter par les PMEs qui pourraient mitiger les risques dont : 1) alertecovid19 : l’entreprise DDG a développé un test de pré dépistage, disponible en ligne et par téléphone. Il est aussi disponible sur https://www.covidsource.org/kontak, et l’application ChaseKowona de MIT. De plus l’entrepreneur (e) doit protéger le milieu du travail en ayant accès à certains symptômes de ses employés ou clients dont la température (voir figure 2). L’intérêt de cette solution est aussi bien dans la digitalisation du processus pour une décision rapide. Naviguer cette réalité demande d’être alerte et d’avoir un personnel en santé pour répondre aux changements abrupts du marché.
3. Être Agile et prendre le virage digital
Les patrons des PMES doivent être plus agiles pour s’adapter au changement rapide du contexte du marché national et international. Il faut changer l’organigramme de hiérarchie. La concentration de l’information et du pouvoir de décision au niveau de la direction générale doit être décentralisée en privilégiant une approche de réseau. Cela aura l’avantage de permettre à la direction générale d’avoir une vue synoptique afin que les décisions puissent être prise de façon rationnelle avec les inputs des cadres clés. Une fois la décision adoptée, les cadres seront beaucoup plus engagés dans la mise en œuvre des décisions car ils ont participé.
Contrairement aux idées préconçues, la digitalisation peut être simple, abordable. Il suffit d’utiliser à bon escient les ressources existantes et avoir le gout de l’apprentissage. L’organisation et l’archivage des dossiers peuvent se faire par des outils comme Dropbox, share drive. La PME peut commencer par une version gratuite et augmenter l’espace au besoin de l’entreprise. Une PME n’a pas forcément besoin de payer pour un compte Zoom autant qu’elle peut limiter les réunions à moins de 40 minutes. Ce qui est positivement bien pour inciter à la préparation de ces dernières.
Enfin, il faut digitaliser les activités de contrôle. Qu’il s’agisse de la prise de température des employés, des activités commerciales ou financières, la digitalisation s’impose car la marge d’erreur doit être minimisée dans ces situations exceptionnelles du marché.
En somme, la PME qui survivra et connaîtra la croissance doit diriger avec l’évidence, les données. À bien des égards, il ne suffira pas seulement de survivre les chocs comme "Pays lock" ou Covid 19, mais aussi il s’agira de s’adapter très bientôt à une économie digitale et sans contact humain.
Isnel Pierreval, Economiste
Spécialiste en inclusion financière, stratégie et gestion du savoir
[1] http://www.oas.org/juridico/PDFs/mesicic4_hti_loi_fix.pdf [2] Sources: OFDA/ CRED
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